moins de 28 % de femmes dans les métiers du numérique

Source : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i3348.pdf

 

Rapport remis au Premier ministre à la fin du premier semestre.... Alors que le numérique entraîne la destruction de certains emplois, dans quelle mesure les métiers majoritairement exercés par des femmes sont-ils plus particulièrement concernés ?

Quelques notes (pour les feignants)

p16 : La proportion de femmes dans les sciences et technologies reste minoritaire en France. Malgré les bons résultats des filles qui représentent 45 % des élèves en terminale S, elles ne représentent plus que 34 % des étudiant.e.s dans les études scientifiques. Cette diminution se confirme après l’entrée dans la vie professionnelle, ainsi en 2014 les femmes représentent 21 % des ingénieur.e.s
p19 : En France, alors que dans toutes les filières scientifiques et techniques la part des femmes augmente régulièrement, l’informatique est le seul domaine où, après avoir été proportionnellement bien représentée, la part des femmes est en nette régression.

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% de femmes ingénieurs de 1972 à 2010
Ingé femmes, de 1942 à 2010
De 1972 à 1985, le pourcentage des femmes en informatique est supérieur au pourcentage moyen des femmes ingénieures, toutes écoles confondues.
En 1983, l’informatique est le deuxième secteur comportant le plus de femmes diplômées (20,3 %), 6 points au-dessus de la moyenne des femmes ingénieures.
Aujourd’hui, les filières STIC diplôment seulement 11 % des femmes, alors que la moyenne, toutes écoles confondues, est de 25 %. En vingt ans, la part des femmes en informatique a été divisée par deux. 

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Nombre d'hommes et de femmes ingénieurs
Nombre d'hommes et de femmes ingénieurs

p 27 : Comme le fait remarquer l’étude MutationnElles, la discrimination se met en place à travers une « double ségrégation ». D’abord, une « ségrégation horizontale » qui conduit une majorité de femmes à s’orienter vers un nombre restreint de filières. Ainsi, dès la seconde, les filles sont majoritaires dans les options santé et social où elles représentent 90 % des élèves. Après le Bac, dans
les formations techniques Bac +2, elles choisissent les options du « look » (textile, habillement) et du « care » (santé, sciences de la vie). Dans l’enseignement supérieur, cela se traduit par le choix de spécialités telles que l’agronomie et la chimie, moins porteuses en termes d’emploi.  
À cela, s’ajoute une « ségrégation verticale » qui conduit à une faible proportion de filles dans les spécialisations d’excellence : plus le niveau de formation est élevé et plus la mixité des filières choisies par les femmes se réduit. 

p28: Le métier d’ingénieur.e est considéré comme un métier d’homme, celui de secrétaire et d’assistante comme un métier de femme. Seul le métier de médecin est considéré comme convenant aux deux sexes. 

Selon M. Lemaire (1) , la faible orientation des filles dans les filières sélectives pourrait s’expliquer par un manque de confiance en elles. (note perso: encore de la faute "des femmes" ?).
Concernant le cas particulier des études d’informatique, Mme Isabelle Collet, dans l’article, fait également l’hypothèse que le choix d’étude et l’exercice d’une profession sont des pratiques qui passent par le prisme d’un système symbolique s’analysant comme un mixte de réalité et d’imaginaire. Dans le cas de l’informatique, cet imaginaire a une influence très importante, mais différenciée selon le sexe.
Quand l’ordinateur est né, il s’est inscrit dans la tradition des machines à écrire ; il était perçu, dans les années 70, comme une machine de bureau et l’informaticien.ne n’était pas toujours ingénieur.e, mais aussi souvent technicien.ne du secteur tertiaire, employé.e dans une banque ou une grande administration. Quand une femme était dans une filière scientifique et réfléchissait à son orientation, l’informatique semblait socialement acceptable. 
Dans les années 80 arrive en France le micro-ordinateur et, à cette époque, les garçons sont équipés les premiers d’objets technologiques, que ce soit le baladeur, la console de jeu ou l’ordinateur. Autour de ces micro-ordinateurs se sont constitués des petits groupes d’adolescent.e.s technophiles, petits groupes où les filles, cependant, étaient souvent exclues. Dans les années 90, ces adolescent.e.s débutent leurs études supérieures. Quelle représentation de l’ordinateur rencontre-t-on alors dans l’imaginaire collectif ? 
Dans la seconde partie de son article, Mme Isabelle Collet montre que cet imaginaire vient directement de la science-fiction : l’ordinateur est cet objet fabuleux qui permet de pirater le Pentagone ; dans l’univers de l’ordinateur, l’informaticien peut jouer à être tout-puissant. Or, les activités de démiurge se conjuguent rarement au féminin, constate-t-elle. 

Et aujourd’hui qu’en est-il de cet imaginaire ? Après enquête auprès des étudiant.e.s, on obtient la représentation suivante : l’informaticien reste assis derrière un ordinateur toute la journée sans voir personne, occupé à des choses répétitives et monotones sur des machines. Dans les questionnaires, deux aspects essentiels des métiers de l’informatique que sont la communication et le travail d’équipe disparaissent presque complètement. Ce stéréotype de l’informaticien, loin de disparaître devant la diversité des métiers de l’informatique, est en train de devenir de plus en plus prégnant dans l’imaginaire social, la presse relayant cette représentation. Peut-être conviendrait-il, comme le suggère l’auteure, d’abandonner le terme « informatique », à la fois trop chargé et trop vague, pour ne plus parler que des métiers liés aux technologies, de l’information et de la communication ? 

Voir : Ecole Simplon et l’École 42.

et l'emploi?

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proportion de femmes, fin 2012
proportion de femmes, fin 2012

p 37 : Les métiers du numérique ne peuvent se passer de l’apport de près de la moitié de la population active, à savoir les femmes. Or, aujourd’hui, il y a seulement un peu moins de 28 % de femmes dans ce secteur contre 48 % dans le reste de l’économie.

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Ecart de rénummération, en baisse
Ecart de rénummération

p 40 : l’enquête de la Commission européenne sur le rôle des femmes dans le secteur des technologies de l’information et de s communications (TIC), publiée en octobre 2013.

- sur un total de 1 000 femmes ayant une licence ou un autre diplôme de premier cycle, seules 29 sont titulaires d’un diplôme en technologies de l’information et des communications (TIC) contre 95 hommes, et seules 4 travailleront effectivement dans ce secteur,  
– les femmes quittent ce secteur en milieu de carrière dans une proportion plus importante que les hommes et elles sont sous-représentées aux postes d’encadrement et de décision (c’est-à-dire encore plus que dans d’autres secteurs),  
– seuls 19,2 % des travailleurs du secteur des TIC ont une femme pour chef, contre 45,2 % des travailleurs d’autres secteurs.  

Mais si l’on parvenait à inverser cette tendance pour que les femmes occupent autant de postes que les hommes, le PIB européen pourrait augmenter d’environ 9 milliards d’euros par an (1,3 fois le PIB de Malte), selon cette même étude.

Enfin, l’étude recense les facteurs qui empêchent les femmes de participer pleinement à l’économie de ce secteur : les traditions culturelles et les stéréotypes sur le rôle des femmes ; les barrières internes et les facteurs socio-psychologiques tels que le manque d’assurance, le manque d’aptitude à la négociation, l’aversion à l’égard du risque et les attitudes négatives à l’égard de la concurrence, etc. ; les obstacles extérieurs tels qu’un environnement fortement masculin, des difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle et l’absence d’émulation dans le secteur. 

... un plan stratégique « Mixité numérique » qui sera dévoilé en avril 2016 avec une triple ambition.

La révolution digitale va-t-elle créer des emplois ou en détruire  ?

p 44 : Les économistes ne s’accordent pas sur les effets des gains de productivité sur l’emploi. Néanmoins, il est certain que ce sont les emplois les moins qualifiés qui seront touchés par l’automatisation, de sorte que bon nombre de femmes seront concernées. 

En France, les chiffres sont peu nombreux, mais, d’après l’INSEE, les emplois dans le numérique ont même baissé entre 2008 et 2012 (-1 % dans les télécoms, -6 % dans les services informatiques, -8 % dans l’édition de logiciels et -2 % dans la publicité). Bien que cette baisse soit imputable à la crise économique qui sévit depuis 2008, on remarque un déplacement des compétences et des emplois du numérique vers les zones géographiques moins onéreuses comme l’Asie ou l’Inde. 

La numérisation de l’économie risque d’accentuer la bipolarisation du marché du travail avec, d’un côté, une élite « hyper-qualifiée » de cadres supérieurs ou d’ingénieur.e.s, dont le poids relatif augmenterait, et de l’autre, des métiers peu qualifiés, où la population continuerait à s’accroître fortement. Tandis que les métiers à qualification moyenne seraient touchés de plein fouet. 

Lire absolument la page 48 et 49!

p 51 : Les analyses concernant l’impact du télétravail sur les conditions de travail et d’emploi des femmes sont très peu nombreuses. Seules quelques études, en particulier des études canadiennes et anglo-saxonnes, s’intéressent à cet aspect des choses.

Les analyses que l’on vient de citer ne confirment pas l’idée que les femmes sont la cible privilégiée du télétravail et que ce dernier constitue une façon de les réassigner dans leurs rôles traditionnels. 

 

SECONDE PARTIE : LES DROITS ET LIBERTÉS DES FEMMES À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

cybersexisme et cyberviolences (je ne connaissais pas ces 2 mots smiley).

p68 : On ne peut pas dire que les femmes sont " handicapées " face au numérique : plus de 50 % des internautes sont des femmes, elles passent en moyenne 8 % de temps de plus que les hommes à surfer, et elles sont très souvent prescriptrices de l’achat sur Internet

 En effet, sur les huit usages passés en revue cette année dans l’enquête précitée du CREDOC, il apparaît que les hommes sont davantage concernés par sept d’entre eux, notamment l’écoute de musique ou le visionnage de films ou vidéos, comme l’illustre le graphique ci-après. Les femmes sont moins présentes dans l’univers des loisirs numériques et des jeux vidéo en ligne en particulier.

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USAGES DE L’ORDINATEUR ET D’INTERNET SELON LE SEXE EN 2014
USAGES DE L’ORDINATEUR ET D’INTERNET SELON LE SEXE EN 2014

visibilité dans l'espace publique (ou pubique ?)

S’agissant tout d’abord des médias, les femmes ne représentent encore qu’environ 20 % des expert.e.s invité.e.s (2). En outre, comme l’avait souligné un rapport de la Commission sur l’image des femmes dans les médias, paru en 2008, les femmes demeurent souvent invisibles ou secondaires », en dépit de certaines avancées. Cette étude, dont Mme Brigitte Grésy était la rapporteure, évoquait ainsi une infériorité numérique tous médias confondus et, d’un point de vue qualitatif, « un statut de seconde zone » et un conformisme général qui perpétue les stéréotypes de genre et l’assignation à un modèle unique, avec une normalité du corps et du sexe qui joue comme normativité. Par exemple, dans la presse féminine, 85 % des femmes avaient moins de 25 ans, 93 % étaient minces et 50 % blondes. Cette analyse reste largement d’actualité. 

 

à suivre...

 

divers liens

http://expertes.girlzinweb.com

http://www.global-contact.net/wordpress/wp-content/uploads/2014/09/Mutat...

http://www.femmesenvue.eu/ et https://www.youtube.com/watch?v=hxuX3MyU1GU

http://femmes.gouv.fr/sexisme-dans-le-monde-du-travail-combattre-la-loi-...